Jour 7

Donc, sous le soleil de la ville, j’avais soif et faim. Au bout d’un moment, je me suis acheté un sandwich au poulet mariné, au Maître boucher de l’avenue Monkland. Il était autour de 12:30. Je sortais, très satisfaite, de ma rencontre avec Marie. Je n’avais pas encore si faim que ça, mais j’allais avoir des provisions quand le besoin de manger se ferait sentir. C’était avant de savoir que mon après-midi allait me voir marcher jusqu’à l’aréna dont j’entendais parler pour la première fois, du nom probablement d’un patineur ou d’un joueur de hockey, Bill Durnan. C’était avant, donc, l’appel au téléphone de mon mari, comme quoi il m’accompagne même quand je suis loin.

J’ai finalement mangé le sandwich avant d’entamer mon périple, assise quelque part sur un banc de l’Avenue Mont-Royal. Je pensais profiter de l’espace qui autrefois recevait les kiosques des fleuristes, devant les portes de la station de métro, mais cet espace est devenu une espèce de chantier couvert de sable, de trous et de cônes orange. J’ai mastiqué en observant les passants, mais je ne devais pas être bien concentrée parce que je n’ai rien retenu de cette période d’observation qui pourrait être ici relaté. Je pense que j’étais préoccupée par la portion de mon trajet entre l’hôpital Ste-Justine et le site de vaccination. Je ne me représentais pas tellement bien par où j’allais devoir passer. Après le sandwich quand même assez huileux, j’ai bu de la bière de gingembre, j’en avais apporté une bouteille, et j’ai déposé la bouteille dans une poubelle pour ne pas avoir à la traîner.

En cours de route, à deux intersections, j’ai eu envie de parler. À un feu rouge près du parc Jeanne-Mance, j’ai demandé à un piéton s’il pensait voter pour Denis Coderre ou Valérie Plante aux prochaines élections. L’homme, de mon âge, a pris quelques secondes avant de me répondre, il trouvait peut-être ma question impromptue.
– Oh la la !, s’est-il exclamé. Avez-vous une question plus facile à répondre ?
– Je n’habite pas Montréal, pour ma part, mais je serais bien embêtée de savoir pour qui je voterais, si j’avais à voter.
– Mme Plante fait son possible, j’imagine, mais regardez dans quel état est la ville…
– Et M. Coderre ?, ai-je voulu vérifier.
– Je trouve ça louche, quelqu’un qui perd cent livres et qui se présente comme un nouvel homme à cause de ce changement de poids…

Plus loin, j’étais déjà à la hauteur des premiers édifices de l’Université de Montréal, j’ai posé la même question à un autre homme, lui aussi à peu près de mon âge. Il a dû penser que j’allais lui servir des propos désagréables parce qu’il m’a dit que Valérie Plante avait les cheveux trop noirs et, profitant que le feu tournait au vert, il s’est empressé de traverser.

Après le vaccin et la bonne rasade d’eau provenant de la fontaine située dans les vestiaires de l’aréna, je suis repartie le coeur léger, d’abord parce que j’étais vaccinée et que je n’avais plus à penser à cette corvée, ensuite parce que le soleil avait baissé et qu’il m’accablait moins. J’ai profité de la présence d’un dépanneur, sur le Chemin Reine-Marie, pour m’y acheter une friandise à la crème glacée, de type Magnum au caramel et aux amandes avec enveloppe chocolatée. Je n’en ai pas gaspillé un gramme. Ensuite bien sûr j’ai eu soif. Je me suis arrêtée à un comptoir où deux jeunes hommes préparent les cafés sous nos yeux. J’ai demandé un mokaccino. Il était bon, mais sans plus, et pas très chaud. Puis, j’ai atteint mon véhicule qui avait passé la journée garé à proximité de chez Marie, je suis allée chercher chouchou à la Poly, et nous sommes allées à son appartement. J’ai alors bu un autre café, un grand verre d’eau, et une quantité non négligeable de brioche au chocolat. J’allais avoir des forces pour affronter la route me ramenant chez moi.

Est-ce que mon inconfort d’aujourd’hui est causé par le vaccin, par la fatigue d’avoir marché au soleil sans casquette dans des chaussures trop serrées, ou par les troubles digestifs pour avoir mangé un peu n’importe quoi ? Ou par un peu tout ça ?

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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