Je n’ai pas vraiment de plaisir quand je tente d’écrire comme une éditorialiste. Comme hier, je veux dire, à propos des Caisses et de leur fonctionnement. Je ne me reconnais pas dans ces propos sérieux à saveur sociale. Je préfère m’émerveiller devant les futilités qui parsèment ma route.
Je pense depuis quelques jours à un événement survenu il y a un bon trente ans, futile et naïf à souhait.
J’étais en voiture avec ma soeur et son époux, aujourd’hui décédé. Je vivais depuis peu à Montréal. J’étais allée me perdre la veille au magasin Eaton de la rue Ste-Catherine, après le travail. J’y avais fait la découverte des primes offertes aux rayons des produits de beauté. Si vous achetez pour 40$, admettons, vous recevez en cadeau une jolie pochette qui contient un tube de mascara, du fard à joue, un démaquillant pour les yeux, de l’eau micellaire, une brosse à cheveux, tous en format mini.
J’ai jeté tout récemment une brosse en plastique bleu obtenue de cette façon auprès de la compagnie Estée Lauder. Elle m’a tenu compagnie tout le temps de ma vie professionnelle, à l’université. Elle m’a suivie, ici à St-Jean-de-Matha, pour devenir ma brosse permanente au chalet du lac Miroir. Elle était couverte d’une trop grande quantité de microparticules difficiles à déloger à cause de ses nombreux pics de plastique, car ce n’étaient pas des poils de sanglier ! C’est la raison pour laquelle je l’ai mise à la poubelle, non sans un peu de tristesse, après avoir tenté en vain de la shampouiner.
Dans la voiture, depuis le siège arrière où j’étais assise, j’expliquais à ma soeur, et forcément à son mari, que le magasin Eaton offrait des primes toutes plus attrayantes les unes que les autres. Je décrivais le contenu de celles qui avaient attiré mon attention. Chez Lancôme on offrait le parfum Trésor dans un mini flacon –dont je n’aime pas l’odeur; chez Clarins un rouge à lèvre d’une couleur qui oscillait entre le rose, l’orange et le rouge dans un drôle de tube de forme triangulaire; chez Estée Lauder de la poudre libre, une grosse quantité, et les pinceaux ronds et charnus qui viennent avec.
Au beau milieu de ma description, je m’étais rendu compte que ma soeur habitait Montréal depuis déjà plusieurs années, qu’elle était sans doute au courant depuis longtemps de l’existence de ces trésors, et que je me prenais pour une autre en jouant le rôle de l’institutrice qui essaie d’éduquer les ignares.
Je peux confirmer aujourd’hui qu’à part la brosse bleue, je n’ai pratiquement jamais utilisé les produits qui m’étaient offerts dans ces pochettes de primes. C’est dommage, j’aime les posséder, mais je suis la première surprise de constater qu’à part déboucher les mini flacons pour humer les odeurs des crèmes et des parfums, je ne fais rien avec. Je les donne ou je les jette au bout d’un moment.
Il est vrai que je me laisse séduire plus rarement qu’auparavant, et qu’à cet égard le temps présent que j’utilise au paragraphe précédent pourrait céder la place à l’imparfait. Il est vrai aussi que je pense d’abord à la planète, à mon âge, plutôt qu’à ma beauté séductrice, et que tous ces échantillons répartis dans tous les pays, dans tous les magasins à rayons, créent un immense problème de gestion du plastique.