Ensuite, je suis allée faire vérifier mon RNI, ou INR, à la pharmacie. Il était beaucoup trop haut, or je n’ai pas bu une goutte d’alcool ces derniers jours. C’est à n’y rien comprendre. Les pharmaciens passent leur temps à ajuster mes doses. En même temps, c’est un peu inquiétant, si je me mets à penser à un collègue, aujourd’hui décédé d’un cancer, qui avait eu comme premiers symptômes de ce cancer alors encore insoupçonné, des résultats de RNI qui s’étaient mis à jouer au yoyo –car ce collègue prenait lui aussi du Coumadin. Bof. Une chose à la fois. J’ai fait les prises de sang, maintenant il ne me reste qu’à attendre les résultats.
Qu’est-ce qui se présente au menu de ma vie, pendant que j’attends ces résultats ?
Rien de précis. Il fait très beau, je vais me forcer à aller dehors cet après-midi.
Si j’étais encore active sur le plan professionnel, je répondrais de la même manière, à l’effet que rien ne se présente au menu de ma vie. Je répondrais que, hormis le travail de 9 à 5, rien de particulier ne m’attend. Je me rappelle très bien m’être souvent fait cette réflexion lorsque je rentrais à la maison, le soir, après ma journée passée à l’université. Rien ne m’attendait d’autre que le repos, que quelques heures à moi.
À cette époque, je choisissais souvent de m’asseoir sur le vieux canapé bleu, dans le salon, et d’écouter les reportages de RDI. Je les écoutais distraitement, en m’amusant avec mes projets artistiques car je suivais des cours à l’UQÀM en arts plastiques. Je me souviens entre autres d’un projet qui consistait en une structure qui flottait, une sorte de ponton dont la plateforme était faite de savons Ivory, le savon qui flotte, justement. Je me rappelle aussi avoir fait référence dans un texte de mon blogue à cette invention, en précisant que c’était très laid. Encore une fois, me gargarisant de la sorte avec des éléments anciens, je suis à nouveau en train de dévier de mon défi d’écrire au jour le jour, dans le temps présent, sans avoir recours aux circonvolutions dans le passé que j’affectionne tant.
Je suis déjà en train de me demander, cela étant, en arrière-plan de mon cerveau, si je devrais ajouter des lignes ou des taches rouges à la toile que j’ai retravaillée hier sur laquelle apparaissent des masses jaunes. C’est une préoccupation qui va m’accompagner aujourd’hui.
J’adore ça, ces préoccupations esthétiques qui ne génèrent aucune tension comme peuvent en générer les relations humaines. À la place de Untel m’en veut-il ?, Ai-je eu un comportement déplacé ?, je me laisse plutôt habiter par Le rouge a-t-il sa place ? Qu’ajouterait-il ? Qu’enlèverait-il ? Bien entendu, je ne connais pas la réponse tant que je n’essaie pas, d’où il ressort que mon questionnement se met à glisser progressivement vers Je l’essaie ou pas ? Et je vis ainsi, oscillant entre ces deux pôles, une partie de la journée –je respecte mon défi–, quand ce n’est pas plusieurs semaines –je dévie.
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À propos des productions Badouz
Écrire un texte par jour, du lundi au vendredi, pendant dix ans. Cela représente grosso modo 220 jours par année, ou 2 200 textes en dix ans. La numérotation décroissante exprime le compte à rebours. Le dernier texte, Jour 1, est prévu fin avril 2021.
J’adore cette oeuvre telle qu’elle est. C’est un très beau jaune, qui fait penser au jaune des Roses Jean-Pierre Ferland. Il faut aussi penser à un très beau minéral d’uranium, d’un jaune vif, l’uranophane (Ca(UO2)2[HSiO4]2·5H2O). J’aime aussi la petite touche de bleu près de ce qui ressemble à un profil d’humain songeur.
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Moi aussi je l’aime telle quelle cette toile. Pour l’instant je n’y touche pas.
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