Jour 136

J’ai dû faire une fausse manoeuvre. Le texte du Jour 137, quoique partiellement visible à travers la plateforme Facebook, ne semble plus exister sur mon blogue. J’obtiens, de la part de mon fureteur, Page non trouvée. Ce texte apparemment disparu est celui dans lequel je raconte qu’un homme, à la St-Vincent-de-Paul, déambulait dans la cour en tenant par sa courroie mon sac à main fait de cuir végétalien. Le contraste était amusant entre son physique robuste et les lignes coquettes du sac. Je n’écris pas un deuxième texte 137, j’y vais pour le numéro dont c’est rendu le tour, le 136. Et je tente de poursuivre ma récapitulation des événements qui m’ont tenue loin de mon blogue ces quelque dix derniers jours.

J’étais rendue au 16 septembre, qui fut journée de déplacement à Montréal pour, en tant que propriétaire d’un duplex, rencontrer les locataires qui vont quitter l’appartement car ils ont fait l’acquisition d’une maison. Ce sont des gens dont la fibre artistique est très développée. Je suis abonnée, sur Instagram, aux pérégrinations fantaisistes de la dame.
– Nous avons commencé nos démarches pendant la pandémie, m’a dit cette dernière. De la sorte, notre fille n’a pas visité la maison, elle n’en a vu que l’extérieur. Deux personnes, maximum, pouvaient entrer dans les maisons en même temps, portant des masques, bien entendu.
J’ai voulu dire une niaiserie, de type On est encore chanceux de pouvoir se tenir debout, dehors, pour regarder une maison, mais je me suis abstenue. À la place, j’ai improvisé sur le sujet, je fais ça des fois de temps en temps.
– J’ai entendu dire, ai-je mentionné, mais comment savoir si c’est vrai, que certains agents n’autorisaient même pas la circulation de deux personnes à la fois.
– Ah bon ?, s’est étonnée ma locataire nouvelle propriétaire.
– Un membre du couple visitait d’abord, ai-je précisé, puis l’autre. Ça prend deux fois plus de temps. Certains agents auraient même demandé qu’une seule personne, au sein du couple, soit désignée pour poser les questions, de manière à ce que lui, l’agent, ou elle, l’agente, ne soit pas obligé.e de répéter les mêmes informations. C’est intense, il me semble, comme approche !?
Heureusement, au moment où je terminais ma phrase, le mari est venu se joindre à nous, de même que le mien, et à quatre autour de la table nous avons discuté des suites à donner qui pourraient faire l’affaire de tous.
J’écris « heureusement », ci-dessus, parce que mon invention de visites solos avec les agents me semblait tout droit inspirée du livre de Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance. Il s’agit d’un texte croisé alternant une fiction et un récit autobiographique. Il est question dans la partie fiction d’un univers de performance, de compétition, d’exaltation qui, d’étape en étape, devient un récit de torture et de destruction. C’est un clin d’oeil à la deuxième guerre mondiale et à l’idéologie nazie, Perec étant juif.
Or, n’eut été de l’arrivée des hommes, je me sentais sur le point d’ajouter que ces visites solos, en pleins mois de mars et d’avril pluvieux, obligeaient les membres du couple à être bien habillés, et bien chaussés, s’ils devaient attendre dehors chacun leur tour. Quand on sait, en effet, à quel point le manque d’espaces de stationnement automobile est criant, on ne s’aventure pas dans un projet de visites de maisons à vendre au volant de son véhicule, on y va à pied. Donc, on n’attend pas assis, tranquille, au chaud, que la visite du premier désigné au sein du couple soit terminée. On attend debout dehors en affrontant les intempéries. On attrape le rhume et on anticipe dès lors, à la première quinte de toux, un séjour à l’hôpital aux soins intensifs sous respirateur artificiel…
Heureusement, donc, les hommes sont arrivés.

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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