Je n’étais pas à la pharmacie pour la seule impression des photos, mais pour faire tester la vitesse de coagulation de mon sang.
– C’est pour un INR, dis-je à chaque fois à la personne qui m’accueille au comptoir des ordonnances, en me demandant immanquablement si je ne devrais pas plutôt m’exprimer en français et utiliser l’acronyme RNI.
Hier cette personne était une nouvelle employée, de nationalité française, et elle a un peu hésité avant de me répondre qu’une pharmacienne allait s’occuper de moi, si je voulais bien attendre.
Sans me lancer dans la moindre explication, l’acronyme INR signifie International Normalised Ratio, que l’on traduit en français par RNI pour Rapport normalisé international. Or, j’ai tendance à placer l’international avant le normalisé, de sorte que lorsque j’arrive au comptoir, je ne sais jamais si je dois dire RNI ou RIN, alors pour m’en sortir j’opte pour INR.
Le test consiste, en gros et en sautant des étapes, à prélever une goutte de sang, à la déposer sur une bandelette, à insérer la bandelette dans un appareil qui calcule en quelques secondes quelle est ma vitesse de coagulation. Je tends toujours la main droite parce que je suis droitière et la pharmacienne me pique habituellement le bout de l’index pour obtenir la goutte. Si la petite machine, que l’on appelle CoaguCheck, affiche une vitesse au terme de quelques secondes seulement, c’est que je coagule beaucoup trop rapidement. Si le résultat requiert plusieurs secondes avant de s’afficher, je coagule à l’inverse trop lentement. Dans ma vie de tous les jours, je n’ai aucun effet de ces trop rapidement ou trop lentement, mais s’il devait survenir un accident et que je me mette à saigner, cela pourrait être dangereux pour ma santé.
– Est-ce que je devrais faire le test ?, ai-je d’abord demandé à la pharmacienne. Ça fait quelques jours que je ne me sens pas bien, ai-je expliqué, j’ai vomi, j’ai très peu mangé depuis, la nourriture me lève le coeur, je n’ai envie que de pain grillé…
– On va le faire, c’est plus prudent, a répondu la jeune femme.
La petite machine a pris un temps fou avant d’afficher un résultat.
– Ce n’est pas bon signe, ai-je dit à la pharmacienne, pour montrer que je connaissais bien le procédé.
– En effet, a-t-elle répondu, la première surprise que la machine soit si étrangement lente.
Sans, encore une fois, me lancer dans les explications, je dois obtenir un résultat se situant entre 2,5 et 3,5, or c’est le chiffre 8,0 qui s’est affiché, accompagné de la mention que le résultat réel dépassait ce 8,0.
– Vous faites peut-être 12, 17, 21 ?, s’est exclamée la pharmacienne.
Je vais donc me rendre demain à nouveau à la pharmacie, sans prendre d’ici là la moindre dose bien entendu, et je vais tenter de profiter de l’occasion pour demander un RNI, on verra la suite.
Quand on ne mange pas, on doit diminuer la dose du Coumadin et je ne le savais pas. J’étais presque convaincue, en fait, d’obtenir un résultat parfaitement ciblé, dans la mesure où je n’ai pas consommé d’alcool, qui dilue le sang, ni de légumes verts, qui l’épaississent. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à la pharmacienne si ça valait la peine de faire le test, en ce sens qu’à mon avis je n’avais rien consommé qui risquait de m’éloigner de ma cible !
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