
Coeurs saignants en 2019, c’était il y a un siècle. Cette année, à peine quelques coeurs se sont-ils présentés au rendez-vous, pour aussitôt se flétrir sous la chaleur excessive. Il ne reste que les plants, encore verts mais déjà secs, pourtant je les arrose tous les soirs.
Il y a plusieurs manières de colorier des mandalas. En jouant sur les similitudes, par exemple. Cela consiste à couvrir de rose toutes les formes pointues, en variant si l’envie se manifeste du rose foncé au rose plus pâle, puis, dans le même esprit, à couvrir de jaune toutes les formes arrondies, en variant encore ici de nuance si cela nous chante. Cette manière donne des résultats harmonieux, reposants, l’ordre et l’alternance étant au rendez-vous.
Je mentionne ici qu’il y a beaucoup de nuances dans mon assortiment puisque j’ai au-delà de cent crayons au gel à ma disposition.
On peut aussi y aller comme ça vient. Par temps de canicule, c’est une manière naturelle de procéder puisqu’elle ne nécessite aucun effort de sélection et de concentration. Je dépose les crayons pêle-mêle sur la table et je prends le premier qui se présente, je colorie ici et là quelques masses, je change de couleur, et ce jusqu’à temps que le dessin soit entièrement colorié. Cette manière bien sûr donne des résultats imprévisibles. Parfois, la rencontre des couleurs est heureuse, parfois elle ne l’est pas, et à ce moment-là le mandala n’inspire pas le repos, l’équilibre, la sérénité. Il a l’air insignifiant.
Vendredi soir, mon modus operandi a été de sélectionner de mon assortiment les crayons qui ne contenaient plus tellement de couleur dans leur tube, mon but étant de pouvoir en éliminer quelques-uns au terme de ma séance de coloriage. Je me fixe parfois des consignes que je ne comprends pas moi-même, pourquoi vouloir en arriver à jeter mes crayons ? Peut-être pour m’assurer que je ne serai plus exposée à la possibilité de colorier encore d’autres mandalas, car je commence à trouver que mon projet de couvrir un espace de 30" X 30" requiert un effort quand même assez grand, d’abord en patience, puis en attention car je ne dois pas colorier sur les lignes noires qui circonscrivent les formes, effort encore en douleur à la nuque car je me tiens la tête penchée en direction du papier posé sur la table, effort en doigts crispés à force de tenir le crayon, etc. Le résultat de ce vendredi soir a été plutôt fade, le mandala obtenu étant couvert de couleurs essentiellement neutres, des beiges, des gris, des taupe, des kaki…
Une autre manière de m’y prendre, plus intuitive, plus évanescente, plus aérienne, moins cartésienne, est de me laisser porter par le mouvement de mon humeur. À ce moment-là, le plus souvent je me dirige vers les rose, les orangés, le jaune lumineux, et le résultat devient joyeux. Si mon humeur se veut morose, je vais aller vers des couleurs foncées que je vais rehausser d’or, de bronze et d’argent, et cela peut aussi donner un résultat agréable malgré tout.