Jour 236

Je me suis fait prendre à mon propre jeu : à force de ne pas sortir, je n’ai plus envie de sortir, or aujourd’hui, alors qu’évidemment il s’est mis à neiger, je dois mettre le nez dehors pour aller me faire couper les cheveux, accompagnée de tantine, aussi loin qu’à Rawdon ! Mon mari me suggère de rouler en camion pour plus de sécurité, à cause de la traction aux quatre roues. Sachant que la route pour Rawdon est sinueuse, l’idée me séduit, mais en même temps tantine aura de la difficulté à se hisser jusqu’à la banquette. En outre, le chemin étroit qui mène à la maisonnette de tantine ne me facilitera pas la tâche au moment de tourner le véhicule pour descendre le chemin en direction inverse. Ou alors je le descends à reculons ? Ce sont mes problèmes majeurs en ce moment : vais-je prendre le camion, va-t-il beaucoup neiger, qu’est-ce que j’ai envie de porter en fait de vêtements, devrais-je déjeuner, sachant que nous allons dîner tard, bien que je n’aie pas faim, où irons-nous luncher.
Tantine ne devrait pas faire partie des personnages qui vont traverser mon récit de vie parce que je me concentre sur la première moitié de ma vie, or à cette époque-là je ne voyais tantine que très peu. De la même manière, Denauzier en sera absent. Emmanuelle cependant est déjà présente.
Je n’arrive pas facilement à faire plusieurs choses en même temps. Bien que baignant dans mon projet d’écriture depuis mon retour de France, il faudrait que je fasse un suivi minimal de ma correspondance, que je regroupe les papiers nécessaires à la production des rapports d’impôt, que je téléphone à la clinique visuelle pour commander des lentilles cornéennes, que je me rende au magasin Cadrimage récupérer des tubes de couleur que j’ai commandés, que je fasse développer quelques photos prises à Paris –que j’adore, reste à voir ce que ça va donner sur papier–, autant de choses que je désirerais faire une fois seulement que j’aurai fini mon récit, or ça va prendre des mois !
J’imagine que je vais retomber sur mes pattes à un moment donné, respirer davantage, accorder le temps nécessaire aux tâches qui me plaisent moins –administratives– et aux démarches qui me plaisent plus –artistiques. Il ne faut pas non plus que je parte en peur, ça ne fait même pas un mois que je m’investis dans cette forme d’autobiographie. À me relire, on pourrait penser que ça fait un an.
Je vais pour l’heure mettre fin à la cuisson des œufs –que je vais manger cuits à la coque, sans les jaunes–, car finalement je vais manger un peu avant de partir. Je vais aller prendre ma douche, choisir des vêtements… bref me préparer à quitter le cocon douillet dans lequel je me dorlote, à l’abri de l’hiver et des intempéries. Une chose est sûre, je vais être contente de revenir en fin d’après-midi !

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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