
Arbre expérimental de Lynda
Lundi matin 7h30 j’étais debout. Un exploit, compte tenu de l’état dans lequel je m’étais couchée, abrutie de fatigue par le grand air, par la difficulté à dégager le camion du pied et demi de neige qui était tombé dessus, et par l’état des routes en revenant de la Manawan.
Nous avions convenu de nous rendre, Bibi et moi, chez notre amie Darielle à Laval pour y passer la journée autour d’une activité d’arts plastiques. Mon mari appelle ça le Macramé Power. J’ai été capable de ne pas être en retard, il faut dire ici que mon mari m’a poussé dans le dos, à 9:15 j’étais chez Bibi, et une heure plus tard chez notre amie.
Darielle avait décidé du projet sur lequel on allait travailler : il s’agissait de créer une forme d’arbre sur une toile avec un fusil à colle chaude, puis de couvrir l’arbre de couleurs or, noir, vert et bleu pour obtenir au final un effet d’émaux sur cuivre.
Darielle avait déjà deux fusils, j’en ai emprunté un à Denauzier.
En quelques mots, les étapes du projet sont les suivantes : on fait de notre mieux pour tracer des branches qui courbent, avec le fusil, en espérant ne pas parsemer le parcours de la branche de gros mottons de colle. Il faut aller assez vite, ce n’est pas ma force, et comme j’avais le plus gros fusil, j’ai eu les plus gros mottons. On laisse la colle sécher, on applique du gesso sur l’arbre, puis des couleurs sur le gesso.
– Tu ne donnes pas l’impression de t’y prendre comme sur la vidéo qu’on vient de regarder, a mentionné notre amie, à peine avais-je commencé à manipuler le fusil.
– Tu sais comment je suis, ai-je répondu, en n’ajoutant rien d’autre car le travail au fusil requérait toute ma concentration.
Alors que sur le tutoriel vidéo on voyait se créer un arbre dont les branches courbaient vers la droite, j’ai fait l’inverse, j’ai positionné le tronc à droite et fait courber les branches à gauche. Je procède ainsi, à rebrousse-poil des règles, pour la bonne et seule et unique raison que j’ai peur d’échouer.
Avoir pris le temps de respirer et d’approcher mon projet avec mon cœur, et non avec la seule volonté de faire à ma manière, j’aurais remarqué que l’extrémité des branches tombantes, à gauche, aurait avantageusement accueilli du gesso blanc, plutôt que de pendouiller tristement dans la teinte noirâtre qui est restée en place. Avoir observé un peu plus, j’aurais aussi fait sortir les branches de la surface de la toile, plutôt que d’essayer de les y contenir. Dans l’état actuel des choses, on dirait que mon arbre se termine à l’arête supérieure de la toile, comme si une tronçonneuse l’avait rasé. Le pauvre.
Cela étant, si je retourne chez Darielle, car je lui ai laissé ma toile, je pourrai la retravailler. J’aime approcher une toile en plusieurs étapes.

Arbre minimal de Bibi
Parce qu’elle avait froid et qu’elle ne voulait pas tacher ses vêtements, Bibi a enfilé une espèce de grande robe fleurie pour faire son projet, et j’ai décidé qu’avec cette grande robe ma sœur ressemblait à Toulouse Lautrec.
J’avais apporté deux petites toiles de format 8"X8", et une plus grande de format 12"X12". Bibi a eu droit à la plus grande. Je souligne en passant qu’elle a travaillé sur la toile qui était couverte de macaronis, dans la foulée de mes expérimentations récentes spaghettis/macaronis. Le format 12"X12" lui a donné la latitude de tracer son tronc au tiers de la surface. Disposant d’un fusil plus petit, elle n’a pas rencontré le problème de mottons de colle qui m’a un peu gâché la vie. Bibi étant une adepte de la simplicité volontaire, elle ne s’est pas étendue sur la création de branches à n’en plus finir. Elle a couvert sa toile des branches nécessaires, et cela s’est arrêté là. D’où il ressort que son arbre, à mes yeux, est maigrichon. Mais elle a respecté l’idée du projet en le couvrant de tons cuivrés et dorés, de même qu’elle a créé une forme d’ombre avec du noir, à la base du tronc.