
Elle portait du vernis à ongles. Est-ce qu’elle l’appliquait elle-même ?
Est-ce que Simone s’en sortirait bien si elle était née disons en même temps que moi, avril 1959 ? Elle est née le 9 janvier 1908, sous le signe astrologique du Capricorne, et du Singe chez les Chinois. Il y a fort à parier qu’elle ne lisait pas son horoscope ! Est-ce qu’elle maîtriserait bien les applications de son téléphone cellulaire, si elle était à la veille d’avoir comme moi 60 ans ? Est-ce qu’elle serait une abonnée Facebook ? Et qu’en serait-il de Jean-Paul ? Elle ne pourrait plus passer ses journées à écrire son journal au Café de Flore, parce que l’endroit est devenu trop touristique, il faut qu’il y ait du roulement de clients pas mal plus qu’avant. Elle ne pourrait plus fumer, au Flore ou ailleurs, et probablement qu’elle se serait adaptée aux nouvelles normes de santé publique, mais Jean-Paul aurait peut-être besoin de vapoter. Porterait-elle du vernis sur ses ongles, comme on voit qu’elle en porte sur plusieurs photos d’elle ? Est-ce contradictoire, de nos jours, porter du vernis et être féministe ? Est-ce qu’elle risquerait d’être poursuivie pour harcèlement par les jeunes filles qui garnissaient ses classes, quand elle était professeur de philosophie ? Parce qu’apparemment, c’est un loisir auquel elle aimait s’adonner, séduire ses étudiantes, mais comment savoir jusqu’à quel point c’est vrai. Je ne désire pas trop amalgamer fiction et réalité. L’activité littéraire de Simone me plaît, mais je n’ai pas envie d’aller plus loin. Je la laisse tranquille avec sa vie privée –qui me ferait peut-être aimer moins son œuvre ? Ayant affirmé cela, je mentionne quand même qu’elle séduisait une jeune fille et une autre, et qu’elle les présentait ensuite à Jean-Paul pour qu’ensemble ils forment un trouple. Le roman L’invitée publié en 1943 serait ainsi une référence directe à la relation qu’elle formait avec Jean-Paul et Olga Kosakiewicz. J’ai lu L’invitée il y a longtemps, et la seule chose dont je me rappelle c’est qu’ils étaient plusieurs à passer des soirées dans des cafés ou des bars, et que Simone revenait chez elle en déplorant avoir trop fumé de cigarettes !
Ici à Montréal, il y a plusieurs choses à déclarer : j’ai fait du ménage et j’en ai les mains sèches comme du papier sablé. Après ce texte du jour, j’y retourne d’ailleurs car je n’ai pas fini. En fait, j’en aurais pour une bonne semaine, vouloir faire un beau ménage de printemps. Pendant que je frotte, Emmanuelle vit sa vie à la Poly. Elle entraîne des réseaux de neurones. Elle utilise pour ce faire le langage de programmation Python. Elle se fout complètement de la vie publique ou privée de Simone. Elle est partie ce matin chaussée de ses vieilles baskets Nike mauve dont la semelle se décolle. Et vêtue du manteau pas cher de modèle pour homme que je lui ai acheté au Costco et qui lui va très bien. Elle portait ses jeans skinny, tandis que ses chaussettes couvraient une partie de ses mollets par-dessus le jean. Je l’ai trouvé très belle. Je me suis rappelé que dans mes textes d’autrefois, je me suis intéressée à la manière dont les jeunes de l’école Face portaient leurs chaussettes ainsi enfilées par-dessus le bas du pantalon. Il faut que ce soit un pantalon skinny, sinon l’effet est pas mal moins réussi. Je commence donc ma neuvième année d’écriture, et je m’achemine donc vers mes 60 ans, en me remémorant mes futilités d’écriture du passé.