La température m’oblige à interrompre temporairement ma série vestimentaire, dans la mesure où je suis restée à l’intérieur, en pyjama, toute la journée. Je suis quand même sortie faire quelques courses, vêtue d’un pantalon doublé recouvert de nylon, comme en portent les enfants pour aller jouer dehors dans la neige. Sous le pantalon recouvert de nylon ? Mon pantalon de pyjama ! Pour le haut, je porte une espèce de blouse ample blanche. Elle m’a été donnée par tantine. Elle a été donnée à tantine par sa belle-fille, qui a récupéré les vêtements de sa mère au décès de celle-ci. Les vêtements qui étaient trop grands pour tantine se sont rendus jusqu’à moi. La blouse est dotée de pattes fixées à la hauteur des coudes, qui permettent de raccourcir les manches. J’ai déjà tenté d’expliquer ce phénomène et je n’y suis guère parvenue. Je réessaie. À la hauteur du coude est cousu un bouton, côté extérieur de la manche. À la hauteur du coude est cousue une patte de rabattement (c’est mon invention, cette appellation), côté intérieur de la manche. Si on ne fait rien avec la patte de rabattement, elle pendouille sous la manche, ni vue ni connue. Mais si on la sort de la manche en allant la chercher avec nos doigts –un peu difficilement quand on a, comme moi, de gros doigts–, et comme elle est pourvue d’une boutonnière, on fait passer le bouton de la manche dans la boutonnière de la patte de rabattement, et voilà la manche qui se porte aux coudes. Ce soir, nous sommes allés saluer la maman de Denauzier. J’ai simplement enfilé mon manteau et mes bottes et mis une casquette. Comme il faisait sombre dans l’appartement et que nous n’avons pas cru bon allumer les lumières, ma belle-maman n’aura probablement pas remarqué que je me suis rendue la visiter en pyjama.
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Badouziennes
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