
C’est en plein moi. Trop sobre, gris, aucune fioriture. La chaîne, au cou, appartient à Denauzier.
Le texte d’hier me fait penser à Serge Bouchard. Voilà un auteur qui sait partir de rien et se rendre là où il veut, tout en créant chez le lecteur un intérêt soutenu. Comment puis-je affirmer cela ? Je suis la première à me le demander puisque je ne l’ai jamais lu, mais seulement entendu, distraitement, à la radio au volant de ma voiture. Il me semble quand même que je ne me trompe pas. Serge Bouchard sait aborder un sujet banal, trivial, et l’élargir, lui donner du sens, du volume, en puisant dans ses connaissances d’anthropo-ethno-historien. Je serai plus à même de confirmer cela lorsque j’aurai lu le livre qu’il a écrit avec Bernard Arcand et que je viens de commander à la librairie, Les Meilleurs Lieux communs, peut-être.
En attendant, aujourd’hui 6 avril c’est mon anniversaire de naissance, j’ai 59 ans. J’en avais 52 quand j’ai commencé mon blogue. Ça adonne bien que le cintre dont c’était rendu le tour, dans mon garde-robe, soit celui de ce chandail d’une sobriété excessive, car je l’aime et je n’aurais pas eu envie, compte tenu de la particularité de ce jour, de porter n’importe quoi. Je l’ai acheté neuf, à la boutique dont m’avait parlé ma belle-sœur, et ce soir nous soupons justement chez elle et chez mon frère les Pattes. Raclette au menu.
Je me rends compte que c’est depuis que j’ai fait des études en arts plastiques que je ne m’intéresse plus tellement à mes vêtements –même si je leur accorde trente jours de visibilité sur ma plateforme badouzienne ! Je peux porter un peu n’importe quoi, finalement, parce que ce n’est plus de cette manière que je me définis. Je me définis par les réalisations que j’invente –à l’écrit ou en peinture. Dans cette veine, j’aime qu’une personne s’habille n’importe comment. Je vais aimer qu’un homme, par exemple –parce que je n’ai pas vu de femmes le faire à ce jour–, mette d’épaisses chaussettes blanches dans ses sandales en été. Qu’il s’en rende compte ou non, cet homme exprime une grande liberté par rapport à la mode, par rapport aux conventions. À mon esprit, il est indépendant. Il résiste aux normes.
Un nouvel ami s’ajoute à la présentation hétéroclite sur le dessus du bureau, à savoir une fourchette, appuyée sur le bracelet de maman.
Un mot sur les photos en tant que telles. Il aurait fallu, dès le début, que je les prenne de la même manière, à la même distance, avec la même ouverture de lentille. N’ayant rien fait de tel, j’obtiens des photos qui manquent d’uniformité et cela enlève beaucoup d’intérêt à mon projet. D’où il ressort qu’encore à 59 ans je suis un bélier d’ascendance bélier, comme l’a toujours dit papa. Je fonce, j’agis, je mets en place, et je réfléchis après. Quand je réfléchis, je me rends compte de toutes les erreurs qui ont parsemé mon entreprise, de tous les manques. Cela m’incite peut-être, au final, à ne pas réfléchir, justement, parce qu’il m’est désagréable de prendre conscience de tous ces manques. Agir de manière à ce que ces erreurs ne parsèment pas mon parcours, enfin, est une éventualité vouée à l’échec, de probabilité nulle.
Un mot encore sur un site que j’ai découvert à force de réfléchir aux vêtements. Il s’appelle New chic et a pignon sur rue, si on peut dire ça d’un site web, à Hong Kong. On y trouve de très jolies tuniques, pas du tout classiques et sexy, mais plutôt paysannes, comme on pourrait en voir sur la page couverture du magazine français Marie-Claire. Je devrais peut-être me laisser tenter et en commander une, ou deux pour un prix légèrement haussé, en cadeau de fête de moi à moi. Je me donne la journée pour y penser.