
Mise en beauté avant le party de Noël !
Donc mon mari est parti et je m’empresse de m’installer devant mon écran pour me mettre, comme je l’ai écrit hier, en mode création. J’ai toujours hâte de venir « créer », allons-y pompeusement, mais je ressens, en même temps que la hâte, une mini peur au ventre parce que bien entendu je suis la première à ne pas savoir ce qui sera créé ou, plus exactement, si « ça voudra créer » en-dedans de moi, s’il sortira quelque chose de ma tentative.
– Rien n’est acquis, me disait cette semaine Denauzier. Quand je serai ce week-end avec les amis, a-t-il ajouté, je ne sais pas si je serai capable de m’en tenir au régime cétogène. Ils vont se bourrer la face sous mes yeux, avec du pain, des pâtes, des patates, et une grande quantité de bière !
– C’est pareil pour moi quand je m’installe pour écrire, ai-je répondu sans vouloir faire la fraîche pet. Je ne sais jamais si je vais être capable de produire un texte de 500 mots…
– Rien n’est jamais acquis de toute façon, chantait Brassens…
– Bof, on verra bien, ai-je conclu en faisant référence au poids, au cétogène, au week-end entre amis dans le bois, à la volonté, à l’éternel recommencement de toute chose, de tout effort, etc.
J’ai un peu de pratique, j’en reviens à l’écriture, puisque j’ai écrit plus de 1 500 textes à ce jour, ces six dernières années. La pratique m’assure un petit coussin de confort. Pour donner un exemple de ce que m’apporte la pratique, je peux dire que j’en suis venue à accepter tout ce qui se présente. Une idée se profile, aussi insignifiante soit-elle, elle se meut de mon cerveau à mon clavier, sous mes doigts, et je la laisse s’exprimer. Je lui donne une chance. Je ne me demande pas si c’est une bonne ou une mauvaise idée, je ne questionne surtout pas son degré d’insignifiance, je lui souhaite plutôt la bienvenue, j’essaie de l’installer le mieux possible. L’idée se profile à travers des mots qui s’enchaînent d’eux-mêmes, je les reproduis tels que je les entends balbutier dans ma pensée, dans le même ordre. Quand ça fait quelques lignes que les mots s’enchaînent d’eux-mêmes, je m’arrête, je prends une gorgée de café –le plus souvent il est rendu froid–, je me relis, je déplace des mots, j’en enlève, je constate que le même mot apparaît trois fois de suite, c’est immanquable, commence alors le travail de l’artisan qui affine et modèle la matière. Quand j’arrive à l’étape de l’affinage, je me sens en vacances, c’est la récompense, je peux m’amuser tant que je veux. Youpi ! Yes ! Ma journée est faite.