
Roseman Bridge, c’est le pont qui apparaît dans le film, tourné en 1995. Le site est maintenant une attraction touristique.
Avant les fêtes de Noël, nous avons commencé à regarder le film Sur la route de Madison (The Bridges of Madison County). Nos journées étaient bien remplies par la préparation de la dinde, de la farce, des tourtières, en ce qui me concerne, et par mille déplacements entre la maison et le village pour ce qui est de mon mari, à la recherche d’ampoules pour le sapin de Noël, de fils électriques pour les décorations extérieures, d’ingrédients qui manquaient pour mes recettes, etc. Un soir, pour nous détendre, nous nous sommes installés devant la télé et nous avons consulté la liste des films que nous avions d’enregistrés.
– J’ai bien aimé ce film, me dit Denauzier comme on arrivait à La route de Madison dans la liste.
Étant donné qu’il connaît beaucoup de choses, mon mari m’a raconté qu’à l’époque, le film avait surpris le public parce qu’au lieu de jouer un rôle de héros western redresseur de torts qui brasse de l’air, Clint Eastwood y joue le rôle d’un photographe globe-trotter solitaire. Pour ma part, et comme de bien entendu parce que je n’ai pas beaucoup regardé la télévision dans ma vie ni fréquenté les salles de cinéma, je ne connaissais pas le film. Donc, ce soir-là d’avant Noël, nous l’avons regardé. Il dure deux heures et quart. Et l’histoire se situe en 1965.
Nous l’avons regardé je dirais une vingtaine de minutes, avant de monter nous coucher parce que nous étions fatigués. Puis le lendemain soir, encore une vingtaine de minutes. Ça fait donc moins d’une heure d’écoute. Ensuite, la visite est arrivée de l’Abitibi, la maison a été pleine de monde pendant plusieurs jours, et nous sommes en outre partis au chalet où il n’y a pas de télévision. C’est ce qui fait que nous n’avons poursuivi l’écoute du film qu’hier soir le 8 janvier, pour encore un petit vingt minutes. Cette fois, ce n’est pas tant la fatigue d’avoir préparé plein de choses qui nous a fait monter nous coucher, mais plutôt la grippe. J’ai hâte qu’arrive le moment, ce soir, où nous allons nous réinstaller pour écouter la suite.
Au début, Meryl Streep me tombe un peu sur les nerfs parce que je trouve qu’elle en fait trop. Trop de mouvements des bras, d’attouchements furtifs du menton avec un doigt, de légers grattages de tempe, de regards incertains, de glissements de la langue sur ses dents, la bouche fermée. J’ai découvert ça, le glissement de la langue sur les dents de la mâchoire supérieure, la bouche fermée, dans un film tourné en 1984 où elle tient la vedette avec Robert De Niro. Le film s’intitule Falling in Love. Il faut croire qu’il m’avait marquée parce que j’avais écrit une dissertation sur ce film dans un de mes cours de création littéraire, dans les mêmes années. Pour me donner un style, d’ailleurs, à l’époque, je m’étais mise, moi aussi, à faire ce mouvement de langue sur mes palettes, la bouche fermée, de droite à gauche, jusqu’à ce qu’un ami me dise que ce n’était pas très élégant !
Lors de notre écoute des premiers vingt minutes, j’ai donc trouvé que Meryl en faisait trop, particulièrement lorsqu’elle arpente le pont couvert —the Roseman Bridge– en se tapotant les joues pendant que Clint installe son trépied pour prendre des photos. C’est un passage du film, au demeurant, assez peu réaliste me semble-t-il. Clint dit qu’il va installer ses appareils mais qu’il viendra prendre les photos le lendemain seulement, puisqu’au moment où il fait son installation, la lumière, constate-t-il, n’est pas bonne. Est-ce que cela signifie, me suis-je demandé, que le trépied va rester dehors toute la nuit là où Clint l’a déposé, en contrebas du pont, près de la rivière ? C’est sans aucune importance, je sais. C’est d’aussi peu d’importance que la remarque de mon mari, à ce même passage du film, à l’effet que les personnages roulent en vieux camion GMC !