Jour 739

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Titre à venir. Serviettes de table en papier, polymère, pigments secs, acrylique.

Voici ma plus récente toile, d’assez grand format, 40"X60". Je l’ai terminée hier soir pendant que mon mari parlait au téléphone avec ses clients. Je l’ai peut-être commencée fin septembre, mais je n’ai eu le temps de m’y consacrer que de manière intermittente. J’ai résisté très fort à l’envie de me lancer dans le traçage de petites lignes fines qui n’en finissent plus et qui requièrent l’utilisation d’une loupe au bout d’un moment quand mes yeux n’en peuvent plus. Et d’un pinceau miniature. J’y suis allée pour des masses grossièrement comblées au centre de la toile, en utilisant un pinceau aux poils rêches. Les couleurs du remplissage central sont le noir, le blanc, un bleu qui porte le joli nom de bleu lumière, et un brun de ma composition. Ces masses créent un semblant de personnage dans une drôle de position dont le visage serait de couleur chocolat. Pendant que je remplissais les masses du centre, je me répétais que je ne voulais pas obtenir un résultat soigné qui exige de la minutie. J’y allais rondement, donc de façon contraire à ma nature. En même temps, ayant visité récemment l’exposition de Riopelle et Mitchell au MNBA, à Québec, j’y allais généreusement, comme si ma gestuelle m’était dictée par l’un d’eux.
Voici, en gros, les étapes qui ont mené à cette toile.
1) J’ai travaillé à partir d’une toile blanche que j’ai achetée il y a plus d’un an au magasin Cadrimage à Joliette. Ça vaut la peine d’être mentionné, l’achat il y a plus d’un an, parce que la toile, une fois déroulée, était marquée de plis qu’il m’a fallu étirer et aplatir avec un système de pinces dont seul Denauzier a le secret.
2) Sur cette toile blanche qui a fini par perdre ses plis au bout d’un jour ou deux, j’ai versé des restants de couleurs qui avaient commencé à sécher et dont la texture était grumeleuse. Je fais tout le temps ça. Au lieu de travailler sur un fond blanc, je travaille sur un fond chamarré. Une fois séchée cette couche de fond chamarré, dans laquelle primait le rouge mais ça ne parait pas sur la photo, je suis passée à l’étape suivante.
3) J’ai dilué de la couleur blanche dans un bol à bec verseur avec de l’eau, afin qu’elle s’écoule en un filet fin sur le fond chamarré. Pour ne pas créer une forme figurative et demeurer dans un univers abstrait, je me suis fermé les yeux pendant que je laissais couler le blanc. Il ne risquait pas de couler sur la nappe de plastique qui protège la surface de la table, parce que la toile couvre la surface totale de ma table, et donc de la nappe.
4) Une fois que le filet blanc a été bien sec, j’ai travaillé la zone autour de la forme centrale. Je l’ai tapissée de morceaux de serviettes de table en papier, que j’ai collés avec du polymère. Ils créent un effet de mosaïque. Il faut savoir qu’une serviette de table est presque toujours constituée de trois épaisseurs, deux blanches et une imprimée. Il faut enlever les deux blanches pour que ce soit plus facile à coller.
Il y aurait beaucoup à dire sur les serviettes de table que je collectionne au fur et à mesure des invitations qui me sont faites. Par exemple, ce jeudi, je vais dîner chez Bibi. Je sais déjà que je vais revenir de chez elle avec la serviette de table qu’elle m’aura donnée pour le repas, serviette de table que je n’aurai pas utilisée, la conservant pour mes projets. De la même manière, nous sommes allés souper le jour de l’Halloween chez des amis. Ils habitent à moins de trois cents pas d’ici, je le sais parce que je suis porteuse d’un Fitbit. Idem, je suis revenue de chez eux avec une serviette de table dans les tons de jaune.
5) Une fois la mosaïque terminée, j’ai comblé les masses formées par le filet blanc, au centre de la toile, avec les quatre couleurs que j’ai énumérées en début de texte : blanc, noir, brun, bleu lumière.
Ce que j’aime le plus de l’ensemble, c’est bien entendu la partie qui m’a échappé : en bas, à droite de la toile, on distingue vaguement la forme d’un pied, qui appelle une masse d’une couleur uniforme qui représenterait une jambe se prolongeant jusqu’à mi-hauteur  –jusqu’à la taille d’un pseudo personnage. Or, cette partie de jambe fictive est couverte de mosaïque. Le regard se pose sur le pied et crée de lui-même un effet de jambe en remontant jusqu’à la taille. On se demande comment ça se fait que la portion de la jambe, qui devrait être couverte d’une couleur uniforme, est couverte, contre toute attente, de mosaïque.
Mon charabia est impossible à comprendre malgré mes efforts pour vulgariser mes expériences scientifiques ! Je m’arrête là.

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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