Je me suis lancée dans un autre exercice de persévérance de type éphémère celui-là, à savoir le désherbage de l’immense plate-bande que j’ai aménagée l’an dernier le long de la galerie avant. On a beau n’être qu’à la mi-mai, il y a déjà beaucoup de mauvaises herbes qui poussent à travers le paillis, qui poussent cent fois plus vigoureusement que les timides hostas. Je tiens les mauvaises herbes entre mes doigts et je les tire délicatement, c’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour les extraire avec la racine. Quand je sens que la racine ne résiste pas et qu’elle fait partie de ma récolte, je ressens un petit contentement en récompense de mes efforts minutieux. J’étais ainsi accroupie hier faisant la guerre aux indésirables quand le voisin est arrivé avec son tracteur pour engraisser la terre immédiatement voisine à notre propriété. En moins d’une minute, un délicieux fumet est venu taquiner mes narines, délicieux n’étant pas employé ici ironiquement car il s’avère que j’aime vraiment cette odeur on ne peut plus organique.
– YES !, ai-je dit aux mauvaises herbes, remerciant même intérieurement le cultivateur d’avoir choisi ce moment pour venir travailler.
Une seule mini pensée est venue assombrir le tableau parfait dans lequel je me trouvais. Je me suis demandé si les deux brassées de vêtements que je venais d’étendre sur la corde à linge, du côté de la terre qui se faisait engraisser, allaient être imprégnés de l’odeur du fumier de vache.
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