Je deviens de plus en plus retraitée et de plus en plus intégrée à la vie de mon village. La preuve en est que cet après-midi, avec une amie voisine, j’ai participé, dans la grande salle du centre culturel, à mon premier cours à vie de danse en ligne. J’avais apporté des chaussures à talon pour l’occasion, or j’ai perdu l’habitude d’en porter, alors après les deux heures de dansinette, j’avais mal à la plante des pieds. Nous avons commencé par un foxtrot sur la musique de La mer, de Charles Trenet. J’ai adoré. Quel joli nom de danse, le gracile foxtrot. Lorsque mon amie m’a proposé de participer à ce cours avec elle, c’est le Fitbit qui a répondu à ma place, il m’a dit : Vas-y, vas-y ! Deux heures debout à faire des pas sur de la musique, ça ne se refuse pas. Finalement, c’est comme un cours de mise en forme pour cinquantenaires et au-delà, moyennant un abonnement à la FADOQ. On n’a pas tellement besoin de maîtriser les pas, on essaie juste d’imiter la prof qui danse devant le groupe, un micro sans fil à la main, en nous disant comment faire : lent, lent, glisse, glisse, ciseaux; lent, lent, glisse, glisse, ciseaux. L’ambiance est fraternelle, les membres du groupe nous ont tous dit de revenir la semaine prochaine, de ne pas nous décourager, qu’à force de pratiquer on va finir par y arriver. Je n’ai jamais été aussi bien accueillie dans un groupe, ça c’est sûr. C’est bien pour dire, j’ai préféré les danses compliquées —bossa nova et swing— aux danses simples, parce qu’il m’était impossible de maîtriser les compliquées, alors je bougeais sans me casser la tête, en m’efforçant tout simplement d’être légère et décontractée.
À la sortie du cours, à 17h30, Denauzier m’attendait en voiture car nous avions rendez-vous avec des membres de ma famille pour un souper de cabane à sucre à St-Jacques. Je mourais de faim.
Au moment de nous quitter vers 20h30, tout ce beau monde, j’ai demandé aux plus jeunes s’ils travaillaient demain matin. Ils ont répondu oui. Je les ai regardés, bouche bée d’admiration. C’est une réalité, le travail, qui m’échappe presque complètement, maintenant. Je suis une retraitée déconnectée qui apprend à danser. Incroyable mais vrai.
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À propos des productions Badouz
Écrire un texte par jour, du lundi au vendredi, pendant dix ans. Cela représente grosso modo 220 jours par année, ou 2 200 textes en dix ans. La numérotation décroissante exprime le compte à rebours. Le dernier texte, Jour 1, est prévu fin avril 2021.