J’ai trouvé le moyen de faire de bonnes actions à l’aéroport de Vancouver. D’abord, j’ai trouvé sous un siège une jolie pochette ronde qui contenait des écouteurs d’une marque renommée –je ne me rappelle plus laquelle. J’ai regardé autour de moi ne sachant que faire de ma trouvaille. Je me suis dirigée vers un comptoir, derrière lequel un homme arborant la tenue de la compagnie Westjet lisait des données sur un écran d’ordinateur.
– Excuse me, Sir, I found this, ai-je dit à l’homme en lui montrant ma trouvaille.
– Oh ! la personne qui les a perdus doit être bien malheureuse, ai-je cru comprendre de sa réponse en anglais.
Il semblait déjà savoir qu’il s’agissait d’écouteurs.
– Je vais les faire circuler auprès des gens qui viennent tout juste d’embarquer dans notre avion, a-t-il ajouté dans la même langue en tendant la main pour les prendre.
Cela m’a semblé curieux, je me suis demandé comment il allait réussir cet exploit, mais quand on est en terre étrangère on n’en est pas à une surprise près, alors je n’ai pas insisté et j’ai poursuivi ma route.
– Qu’est-ce que je vais trouver d’autre, me suis-je alors dit intérieurement, me rappelant qu’il m’est déjà arrivé de trouver une très belle chaîne en or, à l’aéroport P.-E.-Trudeau.
Je n’avais pas terminé cette réflexion intérieure que mon regard se posait sur une paire de lunettes oubliées celles-là sur un fauteuil à proximité d’un escalier. Je me suis empressée de les prendre, en remarquant, visible sur la monture, le sigle de Dolce & Gabbana.
– Je pourrais utiliser ces lunettes pour ma prochaine prescription de verres !, me suis-je dit dans une réelle excitation car la monture me plaisait.
Elles étaient couvertes de taches de doigts graisseux et je n’avais pas envie de les essayer sans d’abord les laver, alors je me suis dirigée vers des toilettes que j’ai facilement repérées. D’une chose à l’autre, sur mon parcours menant aux toilettes, je me suis laissée distraire, notamment par un livreur qui déposait des poinsettias en pot à tous les comptoirs des compagnies aériennes et cela parsemait l’aéroport de jolies taches rouges. En arrivant aux toilettes, je me suis arrêtée pour observer un mur couvert d’une mosaïque du plus bel effet. Les montures étaient depuis un moment dans la poche de ma veste et c’est avec les montures bien cachées dans la poche de ma veste que je suis allée faire pipi sans plus penser à mon projet d’essayage qui m’aurait permis de savoir si les montures seyaient à mon visage.
– Bof, me suis-je dit dans les minutes qui ont suivi, un peu honteuse d’avoir un instant voulu me les approprier. J’aime mieux aller les porter au comptoir des objets perdus, si un tel comptoir est facile à trouver.
J’en ai trouvé un dans la seconde suivante, un comptoir où il était simplement marqué en lettres géantes Information, et où travaillaient deux personnes pas mal âgées, probablement bénévoles. Elles ont été enchantées de découvrir, m’ont-elles dit, qu’il existe encore des personnes honnêtes de nos jours. Craignant ensuite que mon mari ne commence à s’inquiéter, je me suis empressée de retourner à la porte C-33 où avait lieu notre embarquement et où m’attendait mon mari en écoutant les informations à un écran de télévision. Mais l’embarquement n’ayant lieu que dans l’heure suivante, je me suis assise à une table inondée de soleil et j’ai écrit le texte du jour 940.
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Écrire un texte par jour, du lundi au vendredi, pendant dix ans. Cela représente grosso modo 220 jours par année, ou 2 200 textes en dix ans. La numérotation décroissante exprime le compte à rebours. Le dernier texte, Jour 1, est prévu fin avril 2021.