J’ai un peu de solitude et un peu de temps, alors je m’y mets, je tente d’écrire un texte après 19 jours d’interruption –et avant que l’éditeur de WordPress ne change encore et me crée des misères, n’ai-je pu m’empêcher de penser.
Il s’est produit quelque chose d’amusant autour du thème des casse-têtes pendant cet arrêt d’écriture de presque trois semaines. Quelque chose qui nous rappelle que nous sommes tous membres d’une grande famille unique, comme je l’écrivais autrefois.
Au cours du premier confinement, une amie a mis en ligne sur Facebook une photo d’un casse-tête qu’elle venait de terminer qui reproduit quarante portes colorées. J’ai découvert je ne sais plus comment qu’un ancien confrère de classe possédait ce casse-tête. Il a offert de me le prêter. Je suis allée chez lui le chercher. Nous avons parlé. J’ai alors réalisé que la soeur de ce confrère est une bonne amie de ma soeur, les deux femmes se rencontrent régulièrement pour marcher dans les environs de l’île Vessot, un endroit où je suis allée je pense une fois et où j’aimerais retourner.
La boîte du casse-tête a traîné dans la pièce principale, à la maison, jusqu’à ce que je la cache sur la dernière tablette de ma bibliothèque, en hauteur, à l’abri de la curiosité de notre petite-fille. J’avoue qu’à chaque fois que mon regard se posait sur la boîte, je ressentais l’accablement de m’être lancée dans ce défi supplémentaire, comme si je n’en avais pas déjà assez.
En fait, quand j’ai vu la photo du casse-tête sur Facebook, en avril dernier, j’ai immédiatement pensé que j’aimerais l’assembler pour ensuite en imprimer le résultat sur un papier grand format, dans le but de tracer avec un crayon noir les contours de chacun des morceaux. Je voulais rendre compte de l’envers du processus, autrement dit, en créant l’effet morcelé à partir du résultat fini. C’est une idée fort intéressante, je trouve, mais qui nécessite des heures de préparation !
– Tu en as pour cinq ou six heures, m’avait avertie mon confrère.
Or, ma fille est venue nous visiter, Denauzier et moi, et a trouvé, qui traînaient encore dans la maison, des casse-têtes de notre petite-fille, représentant 1. La reine des neiges, 2. Des lapins de Pâques, 3. Une licorne, 4. Des cochons d’Inde. Un mot à propos de la licorne : la surface des pièces de ce casse-tête est couverte d’une peinture qui absorbe la lumière; à la noirceur, le sujet se discerne fort bien grâce à l’effet phosphorescent.
Emma, donc, a découvert les casse-têtes, les a tous faits en deux temps trois mouvements, et a déploré avoir déjà terminé de s’amuser de cette manière inusitée pour elle. Est alors arrivée maman avec la boîte de 1000 morceaux reproduisant les quarante portes. Chouchou s’y est attelée et a, encore là, passé à travers le projet en deux temps trois mouvements, moyennant ma collaboration modeste, en ceci que j’ai réussi à reconstituer les quatre côtés du cadre.
D’une chose à l’autre, nous sommes retournées chez le confrère lui quêter d’autres casse-têtes de 1000 morceaux. Ma fille a même demandé un projet de 2000 morceaux, mais notre fournisseur a refusé sur la base qu’il faut être nettement plus aguerri avant de se lancer là-dedans.
Chouchou, encore là, s’est entêtée à reconstituer un premier casse-tête qui regroupe des chats tels qu’on en voit dans les bandes dessinées. Puis, elle s’est penchée sur un autre exemplaire de 500 morceaux celui-là, plus facile, dont le sujet est un paysage d’hiver d’autrefois, avec un cheval qui tire un tonneau sur la neige pendant que des enfants marchent avec des raquettes autour d’une cabane à sucre dont la toiture est rouge, etc.
– Pour remercier mon confrère, nous pourrions ajouter une boîte de chocolats aux quarante portes, ai-je suggéré à ma fille, lorsque nous sommes allées porter ces portes pour en revenir avec chats et cabane à sucre.
Or, l’ami des casse-têtes avait aussi déposé des friandises au chocolat dans le sac des chats et de la cabane. Et apporté une photo retrouvée dans ses affaires d’une dame Longpré qui pourrait peut-être constituer une aïeule commune, entre lui et moi.
D’où il ressort que le monde est petit, les casse-têtes nombreux, le chocolat exquis, l’ami généreux. Et que je compte dorénavant à mon actif un premier texte écrit en 2021.