Badouzienne 2

En fin de compte, qu’est-ce que j’ai fait pendant ces dix ans d’écriture ? Je n’ai fait que traverser le temps. J’ai tracé ma voie comme une rivière se creuse un nid. Je n’ai rien fait d’autre qu’aller de l’avant, sans savoir où je me rendais, mue par une force invisible qui est la même qui fait avancer tout le monde. J’ai cheminé, sans souci d’édifier quoi que ce soit. Je me disais, certainement, que j’étais en train d’alimenter mon vaste projet d’écriture, écrivant jour après jour, mais tant que je n’ai fait que l’alimenter, il ne s’est rien construit.

Je n’ai pas construit de maison, ce n’est pas vraiment mon domaine. Je n’ai pas publié de livres qui existeraient, physiquement, sur les tablettes d’une librairie. C’est davantage mon domaine. Je n’ai fait que vivre les jours les uns après les autres, sans avoir conscience de la direction que je désirais prendre. Est-ce à moi de choisir une direction, d’ailleurs, ou la direction s’impose-t-elle d’elle-même sans que je m’en rende compte, tout occupée que je suis à vivre chacun des jours qui pave ma voie ?

L’aboutissement de mon projet m’amène à ce constat : vivre consiste à ne pas cesser d’avancer, mais je ne sais pas où je vais. Savais-je dans quelle vie je m’installais quand j’ai cessé ma vie professionnelle à Montréal, et que je suis venue vivre ici, à St-Jean-de-Matha, auprès de Denauzier ? Non, je ne savais pas dans quelle vie je m’installais car cette vie était à construire au jour le jour, avec la participation conjointe de mon mari. Et nous avons consacré notre énergie à nous créer un univers confortable, enveloppant, apaisant, ressourçant, au-delà duquel on ne voyait pas grand-chose arriver. Pas parce que nous sommes, lui et moi, plus aveugles que d’autres, mais parce que la vie c’est ça, un défilement dans un sentier qui est à tracer et qui n’offre guère de profondeur de champ. Est-ce que je souffre de cette étroitesse de vue ? Pas du tout, je viens tout juste de me rendre compte qu’elle existe !

Je me retrouve donc, dix ans plus tard, avec tous ces textes à corriger dont je serais bien en peine de préciser quel en est le contenu. Si je voulais créer des fascicules par thèmes, admettons, quels seraient ces thèmes ? Je peux nommer l’appréciation critique de mes toiles, de mes projets d’art en général; je peux nommer, pendant un moment mais par la suite cela s’est estompé, les tenues vestimentaires; je peux nommer encore les questions philosophico-existentielles qui ont beaucoup à voir avec le passage du temps. Des sujets plus pratiques ont aussi été au centre de mes écrits, le jardinage par exemple et mes cours de tricot ! J’ai aussi beaucoup aimé mes aventures avec tantine et mes récits de beaux moments partagés avec papa. Retrouver ces textes, maintenant, parmi les plus de 2000 qui existent, va nécessiter un temps fou que je n’aurai probablement pas.

Il y a une chose qui m’étonne, en outre. C’est que, justement parce que je ne vois rien arriver, certains désirs, ou envies, s’imposent à moi subitement. Le plus récent désir s’est imposé cet après-midi : je voudrais bénéficier d’un nouveau visuel sur mon blogue. Je voudrais me créer une nouvelle ergonomie, en utilisant pour ce faire les outils qu’offre la plateforme WordPress. J’en ai même parlé à mon cousin, cet après-midi, et je vais peut-être faire en sorte que cette envie se concrétise.

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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4 réponses à Badouzienne 2

  1. Michèle dit :

    C’est reparti!!! Quel bonheur! Félicitations Lynda! Tu es absolument admirable! Merci énormément pour cet accompagnement quasi quotidien. C’est un extraordinaire cadeau que j’ai reçu. Je me nourris de tes belles phrases, de tes aventures, de ton éclairage bienveillant, de tes toiles que j’aime beaucoup depuis le jour 2200. Tu enrichis ma vie.

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