
Ça y est, je viens d’appliquer de l’acrylique phosphorescent sur les lettres du mot Camouflage de mon installation murale. Est-ce qu’on va discerner les lettres sur le mur, la nuit, ou disons dans la noirceur, après que les lettres aient absorbé la lumière du jour tout le jour, et la lumière aussi de la lampe située à proximité qui est allumée en permanence ? À suivre.
Je suis aussi allée à mon premier cours de dessin hier, offert au magasin d’art de Joliette. Cela m’a replongée dans le passé, en 2006, quand j’ai entamé un certificat en arts plastiques à l’UQÀM. J’avais entamé mon certificat peu de temps après avoir entendu les mots « Arts plastiques » dans un rêve, dans mon sommeil. Pas entendu de manière diffuse à travers un flot de paroles ou d’autres bruits, comme il est possible qu’on entende des bruits dans un rêve, mais entendu plutôt les mots de façon péremptoire, sur un ton sans équivoque, comme lorsque Archimède, peut-être, a prononcé Eurêka ! autrefois jadis dans les années 200 avant Jésus-Christ.
Le premier cours du programme, en 2006, était un cours de dessin, justement, tout le monde debout derrière son chevalet, fusain en main, gommette grise en main aussi pour ceux qui assumaient le choix –déconseillé– d’effacer en cours de croquis. La prof avait la jeune quarantaine, je dirais, et elle semblait incertaine du choix musical qu’elle avait préparé pour l’atelier. Je me rappelle que personnellement j’avais adoré, c’était Pat Metheny, l’extrait Au lait de son album Offramp. Moins vieux que l’aventure d’Archimède, à savoir enregistré, l’album, en 1981.
L’album Offramp, lui, me replonge dans le passé de mes études à l’université Laval, à la terrasse du Pavillon Pollack. J’étais en bicyclette, la musique était diffusée à l’extérieur, c’était l’été, je portais des pantalons courts en coton. Je m’étais arrêtée pour écouter la musique qui m’avait happée pendant mes coups de pédale, une musique qui commence en un lent crescendo. C’est la partie lente et répétitive que je trouve envoûtante, encore maintenant. Après, quand Pat y va de son défoulement fulgurant sur sa guitare électrique, ça m’envoûte moins. J’avais demandé à une personne, debout pas trop loin, si elle trouvait, comme moi, que cette musique était extraordinaire. La personne, un homme, avait acquiescé.
Ça me fait du bien de me plonger dans mon passé, aujourd’hui. Je me sens tristounette, il pleut des cordes, je ne peux pas jardiner alors que j’aurais tant envie de me démener sur le terrain en plein soleil. Ça me fait du bien (bis) de me plonger dans le passé, de me répéter, d’ailleurs, en écrivant ces choses de mon passé, puisque je les ai déjà écrites il y a longtemps. Le sentiment qui m’habite avant tout autre est celui de mon ingénuité, de mon excessive naïveté, celle qu’on porte en soi forcément quand on n’a que vingt-deux vingt-trois ans, et que je portais peut-être particulièrement, plus que d’autres.
Jolis souvenirs. J’aime particulièrement l’allusion à Archimède, dont l’oeuvre scientifique est trop méconnue du public. Ses écrits sont extraordinaires; extraordinairement modernes dans leur audace mathématique; c’était un géant de la trempe d’Isaac Newton, un grand penseur et inventeur. Son célèbre CODEX (cf. « Le codex d’Archimède », Netz et Noel, 2008, pour la traduction française de leur livre) allait jusqu’à montrer comment calculer le volume d’objects curvilignes complexes, en 3D, par une méthode et un raisonnement qui anticipait notre calcul différentiel et intégral en 3D (sujet que même les étudiants d’aujourd’hui trouvent très difficile). Le tout écrit sur des peaux de chèvres ou du papyrus, avec des moyens techniques très pauvres. J’aurais aimé avoir le temps d’en apprendre plus sur son époque, sur lui et ses contemporains. Mais il faut être un « lettré » bien accompli pour plonger profondément dans cet univers éteint.
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