J’ai encore rêvé au Conservatoire une nuit que nous avons dormi en Abitibi. C’était la période des examens de fin d’année. Je devais jouer devant les juges en fin d’après-midi. Je savais que je n’allais jamais en être capable. Je regardais mes partitions et j’essayais de m’imaginer pinçant les cordes du premier accord. Cela s’avérait au-dessus de mes forces. Je repassais dans ma tête la liste des élèves de mon professeur de guitare. Il y avait Samuel, Pierre, André, Marie-Claude… Je recommençais ma liste parce que je m’étais oubliée. Samuel, Pierre, André… Où étais-je, bonté divine, parmi les élèves ? Je m’y prenais autrement, je recréais dans ma tête l’horaire des leçons que donnait mon professeur : le lundi ces quatre élèves recevaient leur leçon, le mardi ces cinq autres, le mercredi le professeur était absent, le jeudi… J’avais beau vouloir me caser quelque part, je n’avais pas de place.
– Si je ne reçois pas de leçon, j’imagine que ça veut dire que je n’ai pas d’examen à passer ?, me demandais-je.
– C’est en plein ça !, me répondais-je à moi-même. Pour mon professeur, je n’existe pas !
J’entendais ces mots résonner dans ma tête, Je n’existe pas !, véritablement enchantée d’en arriver à cette conclusion de non existence !
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Écrire un texte par jour, du lundi au vendredi, pendant dix ans. Cela représente grosso modo 220 jours par année, ou 2 200 textes en dix ans. La numérotation décroissante exprime le compte à rebours. Le dernier texte, Jour 1, est prévu fin avril 2021.