Je suis à Montréal chez Emma, elle n’est pas encore revenue de l’école, elle avait neuf heures de cours aujourd’hui. Mon mari pour sa part est à Edmonton, il a pris l’avion très tôt ce matin. Ma tantine est chez elle dans sa maison à la campagne apprivoisant sa nouvelle vie de veuve. Mon père est dans son appartement à Joliette aux côtés de ma sœur. C’est tout. J’ai déjà fait le tour de mon noyau dur, des gens que je fréquente le plus. Il y a eu récemment une présence plus soutenue de mon frère les pattes d’ours. Et j’ai tapé pour mon beau-frère, le mari de ma sœur, un long travail qui portait sur les coûts des aliments qui sont nécessaires à la fabrication d’un menu gastronomique. Je viens d’élargir mon noyau dur en y faisant pénétrer deux personnes de plus. Quand je séjourne chez ma sœur pour m’occuper de mon père ou pour taper un travail pour le beau-frère, je ne manque pas de me rendre à mon magasin préféré, situé tout près de chez Bibi, un magasin de fournitures d’art. Je connais maintenant le technicien qui s’occupe de mes projets d’impression, ou d’encadrement, ou d’inventions diverses, alors je demande à la caissière, en entrant dans le magasin, si je peux me rendre voir le technicien, en bas où il a son atelier dans le sous-sol, on me répond oui, je descends et je prends plaisir à faire des affaires avec cet homme, et sa sœur et sa mère, car c’est un magasin tenu par les membres d’une même famille.
– Devoir payer du personnel, ça fait longtemps qu’on n’existerait plus, m’a déjà dit l’ami technicien.
Dans la journée d’hier, avant de me rendre ici à Montréal, je suis allée voir ledit technicien pour lui demander de faire imprimer sur une toile la photo de la toile que j’ai peinte et qui apparaît ci-dessus en photo-vedette.
– Autrement dit, a résumé le technicien qui n’y connaît pas trop grand-chose en art, tu as peint cette toile, et tu en veux une copie identique ? Pour les mettre côte à côte ? Il paraît que des artistes font ça, ça s’appelle un duotique, ou quelque chose comme ça.
– Un diptyque, ai-je corrigé. Je ne veux pas avoir deux toiles identiques l’une à côté de l’autre, je veux vivre avec cette toile dans ma maison, accrochée quelque part sur un mur, or je ne le peux pas parce que je l’ai vendue. Et elle me manque tellement, que je la fais imprimer pour qu’elle me tienne compagnie.
– Tu as vendu ça ?, s’est étonné le technicien.
Tout ça pour en venir au fait que le technicien est une troisième personne qui gravite autour du noyau dur. À ce même degré de gravitation se trouvent plusieurs personnes, que j’aime toutes, bien que je ne les connaisse pas forcément beaucoup. Les quatre enfants de Denauzier, par exemple, ses frères et sœur et sa mère, mes anciens collègues de travail à l’université, les amis d’autrefois quand j’étudiais à l’école secondaire, puis au Conservatoire, la seule relation qu’il me reste du temps de mes études en France, les voisins d’ici à Montréal, les deux couples d’amis du rang où nous habitons qui égaient notre vie à la campagne… Il y a plusieurs personnes qui font, de près ou de loin, partie de ma vie, mais de très près il n’y a qu’une mini-grappe de personnes. Et je pense que c’est pareil pour beaucoup de monde. Et je ne sais pas pourquoi j’écris tout ça ce soir.
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À propos des productions Badouz
Écrire un texte par jour, du lundi au vendredi, pendant dix ans. Cela représente grosso modo 220 jours par année, ou 2 200 textes en dix ans. La numérotation décroissante exprime le compte à rebours. Le dernier texte, Jour 1, est prévu fin avril 2021.
Contente de te lire ce soir Lynda. J’aime beaucoup ta toile (ta poulette) et je comprends que tu aies eu envie d’en garder une copie. Un jour, j’aimerais acheter une de tes toiles aussi… penses à moi lorsque tu feras la prochaine, ok?
Bises mon amie, soeur de mon amie… xx
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Le calibrage des couleurs est imprévisible, il y a du Trump là-dessous ! J’ai fait imprimer une première toile il y a quelque temps, elle est sortie en couleurs trop foncées, j’espère que ma poulette va sortir plus proche de sa version initiale… XXXX
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