Jour 915

Hier j’ai cuisiné les meilleures soupes à l’oignon. Nous n’avons pas eu l’occasion de nous rendre compte à quel point elles étaient bonnes, cependant, parce qu’il n’y avait pas assez de bouillon dans les ramequins.
– Je devrais peut-être nous faire du Bovril au bœuf et on en ajouterait directement dans nos ramequins ?, ai-je proposé à mon mari. J’ai l’impression de nous servir de la soupe sèche, c’est particulier et je dirais même embêtant !
– Tu feras ça demain midi, chérie, pour moi ça va comme ça.
Alors pour les deux soupes qu’il nous restait et que nous avons effectivement mangées ce midi, j’ai versé beaucoup de bouillon dans les ramequins, jusqu’à ras bord, avant de les faire chauffer au four, et nous nous sommes régalés.
dynamic_resizeLes soupes d’hier soir étaient accompagnées, en dessert pour nous sucrer le bec, et de même ce midi, d’une invention de ma part. Les trois demi-litres de crème 35% qui traînent dans le réfrigérateur depuis les fêtes de Noël sont à l’origine de mon invention. Pour utiliser au moins un de ces demi-litres, j’ai voulu faire du sucre à la crème. Comme je suis paresseuse intellectuellement, je ne suis pas venue lire sur mon ordinateur comment on fait du sucre à la crème. J’ai improvisé. Ma question principale avait trait au beurre : est-ce qu’on en met ou est-ce qu’on n’en met pas, dans la recette de base ? Je me suis alors rappelé ma vieille tante Alice, debout devant la cuisinière dans son vieil appartement d’autrefois, en train de faire du sucre à la crème. Tante Alice est probablement la personne, sur terre, à avoir fait le plus de sucre à la crème, mou. Elle n’en faisait jamais du dur qu’on peut ensuite couper en petits carrés et laisser fondre dans la bouche. Je me suis rappelé que tante Alice, donc, mettait du beurre. Alors j’en ai mis, en petite quantité, sachant que le gras de la crème serait bien assez gras. J’ai ajouté de la cassonade pour faire une pâte avec le beurre. Et ensuite j’ai versé la crème sans réfléchir, en ce sens que si je m’étais mise à réfléchir, j’aurais versé un peu de crème, puis encore un peu, toujours pour tenter de doser. J’ai versé sans réfléchir, d’une traite, tout le contenant.
Me sentant coupable de nous préparer une recette si riche en calories, j’ai alors eu l’idée d’atténuer l’effet du gras par de l’alcool. J’ai versé une assez bonne quantité de rhum cubain à partir d’une bouteille qui justement traînait pas trop loin d’où je cuisinais. Pour camoufler la saveur du rhum, des fois qu’elle aurait été trop prononcée, j’ai versé un peu de vanille. Pour rehausser la saveur de la vanille, enfin, qui peut donner une saveur artificielle au dessert si on en met trop, j’ai saupoudré du poivre de Cayenne en assez bonne quantité. Et, satisfaite, j’ai remué à la cuiller de bois. Le problème numéro deux qui m’attendait –ayant résolu le numéro un qui concernait le beurre–, était celui de la consistance. Est-ce qu’au bout d’un moment ma mixture allait durcir, ou devais-je m’attendre à servir, moi aussi, du sucre à la crème mou ? Me rappelant alors que dans certains magasins de bonbons raffinés on trouve des pétales de céréales –genre Special K— couverts de chocolat qui ont un goût exquis, j’ai décidé d’aller dans le même sens. J’ai écrasé de mes mains des céréales Shreddies que j’ai ajoutées à mon invention. J’ai continué de remuer, j’ai fait refroidir. J’ai servi le dessert dans un bol dans lequel, joyeusement, nous avons été obligés de récidiver, y plongeant la cuiller, tellement c’était bon.

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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2 réponses à Jour 915

  1. Je me rappellerai toujours du sucre à la crème fondu et chaud qu’elle répandait généreusement sur le gâteau aux anges moelleux. Impossible de résister à une deuxième portion.

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