RVM – 33

– Si tu savais, dis-je évasivement à Oscarine à la première gorgée de mon café, et elle de son thé.
Nous sommes à l’Olympico rue St-Viateur, en visite touristique pour les deux Montréalaises que nous sommes. Ma promenade m’a on ne peut plus éloignée de mon régime spartiate pour cardiaque. Nous avons mangé des fish & chips, délicieux mais forcément gras, accompagnés de vin blanc, pour le plaisir et sous prétexte de dissoudre le gras, du vin servi au verre et non à la coupe, j’adore ça. Au hasard de notre promenade au pas de tortue, nous avons ensuite dégusté de la crème glacée au beurre de sel, j’aurais pu choisir du sorbet mais je ne l’ai pas fait, et nous voilà à siroter moi un café, mon amie un thé.
Gras, sel, alcool et café sont exclus de ma diète. Heureusement, je n’ai pas consommé de vitamine K, dans le fond, c’est surtout ça qu’il me faut surveiller.
– Si je savais quoi ?, me demande mon amie.
– À quel point le temps passe. À quel point il passe vite. Cet hiver, j’apprenais en lisant La Presse qu’Angèle Dubeau interrompait ses tournées avec La Pieta pour se guérir d’un cancer du sein.
– Et tu as lu comme moi dans La Presse d’aujourd’hui qu’elle reprend maintenant ses activités, poursuit Oscarine.
– Exact.
– En tout cas, Angèle Dubeau est plus pressée que toi de retourner travailler !
– Ah ça, je ne te le fais pas dire !
– On peut se consoler, poursuit Oscarine, en se disant que c’est la même quantité de temps qui passe, au moment où il passe. Je veux dire qu’une minute pour toi, c’est forcément une minute, et pas deux, pour un mieux nanti par exemple.
– Je profite bien du temps qui passe, pourtant, dis-je à mon amie. Je ne comprends pas que le passage du temps me bouleverse autant, me fasse tout remettre en question. Je ne suis pas une auteure, ni une peintre, mais juste une petite fonctionnaire à l’université… c’est toujours le même credo.
– Moi, la question du temps me fait automatiquement penser à Barbara.
– Dis, quand reviendras-tu ?, sont les mots qui sortent tout seuls de ma bouche.
– En plein ça, répond mon amie.
Nous passons une minute ou deux silencieuses, à siroter nos café et thé.
Dis, quand reviendras-tu ?

À propos de Badouz

Certains prononcent Badouze, mais je prononce Badou. C'est un surnom qui m'a été donné par un être cher, quand je vivais en France.
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